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Photo du rédacteurJean-Marc Thobois

Manger dans la Bible ou la théologie du repas !

Article du Keren Israel n°117



 Pour la Bible, manger avec un tiers n'est pas un acte banal ou anodin.

Bien souvent, la Bible évoquera l'importance du pain comme symbole de tous les besoins matériels de l'homme (Deutéronome 8 V. 7 à 9).


Nous avons un rapport datant de 1920 av. Jésus Christ, donné par un égyptien visitant le pays d'Israël qui déclare ceci : " Il y a là-bas des figues, des raisins, du vin, on y trouve des fruits de tous types, du blé, du seigle et de nombreux troupeaux. Chaque jour, on m'apportait du pain, du vin et de la viande cuite de volaille, mais on y chasse aussi les animaux du désert."

Cette description ressemble étrangement à la liste des sept espèces de Canaan citée en Deutéronome 8 versets 7 à 9.


Pour les hébreux, le pain était l'alimentation de base. On y ajoutait les produits laitiers, la viande n'étant consommée que dans les grandes occasions, lors de repas de fêtes ou de sacrifices.On se contentait généralement de deux repas quotidiens : un repas pris assez tard dans la matinée, tandis que le soir, après le travail, avait lieu le repas principal.

Il n'existait pas à proprement parler de " petit déjeuner", par contre, avant de partir au travail, on prenait quelques provisions que l'on mangeait durant les activités pour tromper sa faim.

Le premier repas consistait  en du pain trempé dans de l'huile accompagné de fruits, d'olives, de figues, avec du vin coupé d'eau (Ruth 2 v. 14).


Le repas du soir consistait en une soupe épaisse de pois chiches (houmous)  dans laquelle chacun trempait son pain (voir la question du " roux " pour lequel Esaü

vendit à Jacob son droit d'aînesse).


Le pain ressemblait à la moderne " pita " arabe ou aux " lafas " bédouines modernes ; c'était un pain rond en forme de galette, ce qui explique que le madianite dont Gédéon entendit le rêve, l'avait vu rouler et renverser les tentes de Madian.


C'était aussi la forme des cinq pains que Jésus multiplia lors de la multiplication des pains.Pour le shabbat, on mangeait un pain fabriqué avec le meilleur froment, la fleur de farine, qui ressemblait à la " hala " moderne, sorte de pain tressé.Pour Pâque, on mangeait exclusivement du pain sans levain, la " matsa ", pendant les huit jours de la fête.



On a retrouvé dans le quartier hérodien de luxueux tricliniums, datant de l'époque du 2ème Temple, dignes des intérieurs romains les plus luxueux ; preuve que les classes riches de Jérusalem avaient l'habitude de banqueter avec des mets infiniment plus raffinés que ceux des gens du commun.

 


La théologie du repas

 

Manger avec son prochain revêt, dans la Bible et dans la tradition orientale, une grande signification. Manger le même pain signifie avoir une communion profonde avec la ou les personne(s) qui partage(nt) le repas. Cela signifie qu'il règne entre les convives une parfaite harmonie qui n'est obscurcie par aucune ombre.


Cette signification a perduré dans notre langage moderne au travers du mot "copain",

qui désigne des personnes qui mangent le même pain et sont donc en parfait accord.

C'est ainsi que Melchitsédek accueille Abraham avec du pain et du vin pour lui signifier qu'il est le bienvenu à Salem.


A Tel Dan au nord du pays, on a retrouvé quatre piliers à l'entrée de la porte de la ville sur lesquelles le roi étendait une tenture pour accueillir ses hôtes.Mais si l'on n'est pas en communion, il est impossible de manger ensemble.

Le faire alors, serait le comble de l'hypocrisie, comme c'est encore le cas aujourd'hui chez les modernes bédouins.


C'est ainsi que le psalmiste déclare :" Celui qui mange avec moi a levé le talon contre moi !". Paul, pour sa part, évoquant les faux frères qui vivent dans le désordre, déclare :" Ne mangez pas même avec un tel homme."


Dans le cas où il existe un désaccord, il convient d'abord de régler les problèmes et lorsque le différend est aplani, la réconciliation est scellée par un repas en commun. C'est ce qui se passe encore aujourd'hui chez les modernes bédouins, où, dans le cas de différends entre deux tribus, la réconciliation est scellée par un repas entre les anciens des deux tribus antagonistes.


Nous retrouvons cela lorsque Laban poursuit Jacob et menace de lui faire un mauvais parti parce qu'il a l'impression d'avoir été trompé par son gendre.

Finalement, un accord est trouvé et pour sceller cet accord, un repas de réconciliation est organisé.


C'est aussi ce qui se passe entre Isaac et Abimélec, roi des philistins qui, pendant de longues années, se sont querellés au sujet de la possession des puits du Néguev et qui, finalement, se réconcilient à Béer Sheva, " le puits du serment ". Là aussi, cette réconciliation est scellée par un repas.C'est encore le sens de l'affirmation de David dans le Psaume 23 : " Tu dresses devant moi une table en face de mes adversaires." Cela signifie que Dieu le réconcilie avec ses ennemis. Commentant ce texte, les sages ont dit : " Quel est l'homme qui est le plus grand devant Dieu ? Celui qui sait faire de ses ennemis, ses amis."


Dans le Nouveau Testament, nous trouvons aussi cette même démarche. Ainsi, en Luc 15, lorsque le fils prodigue revient vers son père et reçoit son pardon, le patriarche organise un grand repas où il invite tout le village (un veau permettait de nourrir tout un village) pour signifier à tous les habitants du lieu qu'il s'est réconcilié avec son fils. Mais le fils aîné, pour sa part, refuse d'entrer dans la salle du festin. En d'autres termes, il refuse de pardonner à son frère ! La parabole ne nous dit pas si, en fin de compte, il a cédé aux prières de son père et s'est décidé ou non à entrer...


Un autre exemple est celui du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Lorsque le traître Judas Iscariote fut démasqué, il fut incapable de supporter le fait de persévérer dans son hypocrisie et sortit sans participer au repas.


En Jean 20, dans le récit de la deuxième pêche miraculeuse qui eut lieu après la résurrection, Jésus organisa un repas pour ses disciples, avant de " régler ses comptes " avec Pierre. Mais manger avec celui qu'il avait renié était pour Pierre le signe que Jésus avait pardonné et que l'affaire était classée.

 

En I Corinthiens 11, Paul met en garde contre ceux qui prendraient la sainte cène indignement.

Le repas du Seigneur, en effet, est aussi un repas de réconciliation. Avant de prendre le pain et le vin, il  convient de " s'examiner soi-même ", de " se juger soi-même ", autrement dit, de se réconcilier avec Dieu, faute de quoi, celui qui prend les espèces indignement " mange et boit un jugement contre lui-même ".


Mais ce n'est pas seulement avec Dieu qu'il doit se réconcilier avant de s'approcher de la table sainte, mais aussi avec son frère qui a part au même pain.


S'il y a un contentieux non réglé entre deux frères, il convient donc que l'un et l'autre s'abstiennent de participer à la cène aussi longtemps que l'affaire n'est pas réglée.


Enfin, dans la lettre à l'église de Laodicée dans l'Apocalypse, le Seigneur déclare :

" Je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai et je mangerai avec lui." En d'autres termes, Jésus offre  pardon et réconciliation à cette église apostate pour peu qu'elle accepte de se repentir.


Notons enfins que l'état éternel (comme dans la tradition juive) est représenté par un festin. C'est une idée que l'on trouve déjà dans le livre du prophète Esaïe.


Pourquoi un festin auquel, selon le prophète, tous les peuples sont invités ?


Parce que ce festin symbolise la réconciliation entre le créateur et l'humanité pécheresse. C'est comme si Dieu affirmait à toutes ses créatures, anges et démons :


" Vous savez que j'ai eu un contentieux avec l'homme, depuis le jardin d'Eden, mais aujourd'hui, tout est oublié, la réconciliation a eu lieu, nous sommes en communion pour l'éternité avec ceux des hommes qui ont accepté cette réconciliation ; la preuve, c'est que nous mangeons ensemble !"




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2件のコメント


Jpatrac326
10月08日

Amen

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Bonjour !

Article ''Nourrissant'' ...

pour l'âme. Merci.

Soyez Bénis !

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