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Photo du rédacteurJean-Marc Thobois

LE MONT DU TEMPLE - Les enjeux à venir


Lorsque je fais visiter le pays d’Israël à des groupes, ce qui m’arrive plusieurs fois par an, et que nous arrivons en vue de Jérusalem, venant du désert par la route de Jéricho, nous commençons notre visite de Jérusalem par une superbe vue que l’on a sur cette ville depuis le sommet du Mont des Oliviers. Et depuis cette montagne, qui domine de quelques centaines de mètres, la ville biblique, on a au premier plan ce que vous n’entendrez jamais pratiquement appeler dans les médias européens, le Mont du Temple, mais on l’appelle l’esplanade des mosquées. Pourquoi ? Parce que sur cette esplanade, il y a 2 édifices religieux musulmans. Un qui est véritablement une mosquée, qui s’appelle la mosquée Al-Aqsa et un autre qui n’est pas à proprement parlé une mosquée, mais qui porte en arabe le nom de Dôme du rocher, dôme de la roche, parce qu’il abrite un rocher qui, de toute éternité a été pour le peuple d’Israël, un rocher sacré. Et lorsque nous arrivons au sommet de ce Mont des Oliviers et que notre regard embrasse cette superbe vue que l’on a depuis cet endroit, je dis aux gens qui m’accompagnent : « Vous voyez ce lieu, cette esplanade, ce Mont du Temple, c’est l’endroit le plus dangereux du monde. Une seule étincelle à cet endroit-là et le monde entier explose ». Et de fait, il y a là des enjeux essentiels.


Pourquoi cet endroit est-il véritablement le nœud névralgique de la crise mondiale qui actuellement secoue notre planète ?. Je voudrais d’abord évoquer un texte que l’on trouve dans le Talmud et qui nous dit ceci : « Jérusalem est le centre du monde». Le Temple est le centre de Jérusalem et au centre du temple, il y a le lieu très saint et au centre du lieu très saint, il y a la pierre ». Ce dôme qui l’abrite aujourd’hui recouvre cette pierre sacrée que l’on appelle en hébreu : "Even Hashitiya", " la pierre de fondement".



QU'EST CE QUE LE TEMPLE ?


Quelle est son importance ? David l’exprime dans deux textes, le 1er livre des Rois et le 1er livre des Chroniques, il dit ceci : « le Temple va être maintenant pour le peuple d’Israël un lieu de mikvé ». C’est un peu difficile à comprendre, "mikvé" ça peut se traduire par l’espérance, mais cela signifie littéralement un lieu de rassemblement. C’est le lieu de rassemblement du peuple d’Israël et au-delà, comme le montreront les prophètes, c’est le lieu de rassemblement de tous les peuples, et la vision des prophètes envisage ce lieu comme étant cet endroit qui est exactement l’anti-Babel. Babel, c’est faussement le lieu saint, le centre du monde. Bab ilin en acadien ça signifie, la porte des dieux, la porte du ciel, c’est l’équivalent de Béthel. Mais finalement, c’est une aberration et ce lieu qui aurait dû être un rassemblement devient un lieu de dispersion. Les peuples sont dispersés sur toute la terre. Jérusalem est le lieu du rassemblement de tous les peuples au temps de la fin, autour de ce lieu, ce lieu où Salomon a construit le temple. Et cet endroit devient par conséquent, le lieu où Dieu aussi donnera sa paix.

Evidemment, il est incompatible avec l’idée même de guerre. C'est quelque chose de paradoxal. Si vous regardez une carte du Moyen-Orient, vous voyez qu’effectivement, comme le dit le texte du Talmud que j’ai évoqué tout à l’heure, Jérusalem est au centre du monde. Jérusalem est un carrefour entre trois continents et deux océans : l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Nous sommes ici effectivement sur une plaque tournante et c’est pourquoi tous les empires qui ont cherché à contrôler la planète ont eu le désir de contrôler ce petit pays. Parce que, aujourd’hui comme hier, il reste le centre du monde. Jérusalem, jusqu’à nos jours a toujours été un champ de bataille. Et aujourd’hui il le reste encore. Et pourtant, les prophètes ont cette vision absolument folle, insensée, d’annoncer, qu’un jour, de cette terre, rayonnera la paix pour le monde entier. Et là, Dieu établira son trône d’où Il règnera sur les nations par l’intermédiaire de son Messie, le prince de la paix, sur Jérusalem. Il faut être fou pour dire quelque chose de pareil dans ce pays du Moyen-Orient et ce n’est pas sans raison que l’on a appelé les prophètes, les fous de Dieu.


Le professeur Adam Zartal a découvert qu’à l’époque de David, à l’époque où le temple a été conçu puis ensuite réalisé par Salomon et où Jérusalem avait la forme d’un pied. Et, dans la vallée du Jourdain, depuis l’endroit où vraisemblablement les israélites ont traversé ce fleuve, il a découvert 5 sanctuaires israélites en forme de pied. Pourquoi des pieds ? Parce que le peuple d’Israël avait reçu de Dieu l’ordre de conquérir le pays. Et vous vous souvenez de ce que Dieu a dit à Josué, au moment où il lui a donné l’ordre de franchir le Jourdain : « Tout lieu que foulera la plante de vos pieds, je vous le donne ». Mettre ses ennemis sous ses pieds, c’est dominer sur eux et c’est la raison pour laquelle Jérusalem avait aussi la forme d’un pied. Quand Jérusalem est devenue le sanctuaire unique pour un Dieu unique, pour un peuple unique, un peuple élu unique, c’était le peuple d’Israël et qui, par conséquent, devait avoir la forme d’un pied, symbole de la domination du Dieu d’Israël auquel ce sanctuaire était consacré, qui depuis Sion allait exercer sur le monde entier, le sceptre de sa puissance et mettre tous ses ennemis sous ses pieds. Paul reprendra cette expression dans le chapitre 15 de la 1ère épître aux Corinthiens en disant : « car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Et le dernier ennemi qui sera vaincu, c’est la mort ».


Voyez-vous, les ennemis dont il est question ici ce ne sont pas tant tel ou tel peuple, telle ou telle ethnie ou telle ou telle nation, mais ce sont justement ces réalités spirituelles avec lesquelles les hommes de tous les temps ont été en contact, ont été en opposition, la souffrance, la maladie, la haine, le péché, la guerre et enfin, la mort, le dernier ennemi de tous les peuples du monde qui, plus ou moins, les uns et les autres, ont toujours eu l’idée d’une survie après la mort. Israël est le seul peuple qui a été assez fou pour oser parler d’une résurrection physique. Pas seulement d’une survie après la mort, mais d’une résurrection physique des morts. Il faut être fou pour ça. Et Israël a cette folie qui est la folie de Dieu mais qui est plus sage que les hommes, nous dira l’apôtre Paul, « il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds ». Le temple, c’est justement ce que le psalmiste appelle dans ce psaume 110, le marchepied de Dieu. Là, il va mettre tous ses ennemis sous ses pieds et c’est la raison pour laquelle ce lieu est un endroit de conflit parce que là, se joue l’avenir éternel de l’humanité. Jérusalem est aussi cette ville qui est associée à la paix.



A LA MONTAGNE, DIEU SE REVELERA


Nous avons ce récit dramatique du chapitre 22 du livre de la Genèse où Abraham et son fils Isaac, son fils unique, marchent vers cette montagne du Temple. Et ils ne savent pas qu’un jour, encore un temple sera construit sur cet endroit. Quand Abraham, trois jours après leur départ de Beer-Sheba a levé les yeux et qu’il a vu le lieu de loin, Makom, ( en hébreu). Makom c’est aussi très curieusement d’ailleurs un des noms de Dieu en hébreu. Dieu se montre à Abraham et Abraham levant les yeux voit, non seulement le lieu, mais d’une certaine manière, il voit Dieu. Isaac l’interroge en lui disant :" Mon père, il y a tout ce qu’il faut pour le sacrifice, le bois, le feu, le couteau, mais l’agneau du sacrifice, Il manque l’essentiel ". Et Abraham a cette réponse : "Adonaï Yraé pourvoira pour l’agneau, mon fils". Et quand Abraham allait ligaturer son fils sur cette pierre qui est devenu un autel, il s’apprête à égorger son fils, quand l’ange de l’Eternel l’appelle et lui dit :" Ne fais pas de mal à l’enfant car je sais maintenant que tu crains Dieu". Et Abraham levant les yeux voit un bélier qui est pris par les cornes dans un buisson. Et l’auteur sacré nous dit ceci : c’est pourquoi l’on dit aujourd’hui, ….. On peut traduire cette expression qui rejoint celle que nous avons dite tout à l’heure, l’Eternel pourvoira pour l’agneau, mon fils. On peut aussi le traduire par "à la montagne, l’Eternel pourvoira". Mais on peut aussi comprendre : à la montagne, Dieu se révèlera, Dieu se montrera, Dieu sera vu. Il vit le lieu de loin. Et si vous reprenez l’expression en hébreu, c’est l’étymologie du mot Jérusalem, Yerushalaïm.


On monte à Jérusalem pour rencontrer Dieu, parce que Jérusalem, le temple, c’est cet endroit unique de la rencontre entre l’homme et Dieu, entre le ciel et la terre, entre la création et l’Eternel incréé et là, de là, sort la révélation, l’unique qui concerne le monde entier, qui concerne d’abord le peuple d’Israël, c’est vrai, mais qui concerne aussi le monde entier. Ce temple en 586 est détruit une première fois par le roi Nebucadnetsar. C’est aussi comme si Dieu partait en exil, c’est ce que symbolise aussi la vision du prophète Ezéchiel, du char de l’Eternel qui quitte Jérusalem pour accompagner le peuple dans son exil et finalement dans tous ses exils. Mais, dans une vision ultérieure, ce même prophète voit le char de l’Eternel qui revient dans un temple reconstruit et à nouveau, Jérusalem va porter un nom nouveau, "Yeroushama", Dieu est là, la présence de Dieu est revenue à Jérusalem. Et de ce fait, Jérusalem devient cet endroit où, à nouveau, il est possible de rencontrer Dieu.


Et puis, une 2ème fois, en 70 après Jésus-Christ, le temple reconstruit va être détruit. Ce drame a été aussi prophétisé par Jésus. Jésus qui a aimé Jérusalem, qui a aimé le temple, c’était pour lui, la demeure de son Père. Comme les prophètes l’avaient fait avant lui, Jésus a essayé de purifier ce temple de toutes les souillures que les hommes y avaient aussi introduites. Mais Jésus annonce aussi la fin de ce temps qu’il appelle le temps des nations, ce temps où ce lieu saint, selon les prophéties de Daniel, serait foulé aux pieds par les nations, ça veut dire, serait sous la domination des nations. Ce peuple d’Israël dispersé jusqu’aux extrémités de la terre reviendra à Jérusalem et, dans ce temps-là, la vocation d’Israël retrouvera son véritable accomplissement.



DU MONT DU TEMPLE A " L'ESPLANADE DES MOSQUEES "


Très rapidement, je voudrais aussi évoquer la venue de l’islam. Destruction du temple en 70 par les romains, le temple reste en état de ruines et la montagne du temple devient un dépôt d’immondices. Quand le calife Omar est arrivé en 638 à Jérusalem et qu’il a vu cette pierre sacrée, il a demandé qu’un édifice religieux soit construit pour redonner à cet endroit la sainteté que le christianisme lui avait fait perdre. Et c’est ainsi que s’est dressé ce fameux dôme de la roche que vous pouvez encore voir aujourd’hui. On montre aussi encore un mur qui se trouve à l’ouest de cette esplanade du temple qui est l’endroit le plus sacré pour les juifs aujourd’hui, qu’on appelle le Kotel Hamaaravi, le mur occidental que les chrétiens appellent à mauvais escient le Mur des Lamentations et qui, pour les musulmans, est le El Bourak. El Bourak, c’est le nom de la jument ailée de Mohamed avec laquelle il est venu depuis La Mecque jusqu’à Jérusalem et ensuite, il a attaché sa jument à cet endroit. C’est pourquoi il y a un combat aujourd’hui au sujet de ce mur occidental et les musulmans en réclament l’exclusivité. Pour eux, il n’y a jamais eu de temple à cet endroit, c’est là que Mahomet a attaché sa jument ailée, El Bourak. Mais, lorsque Jérusalem a été reconquise par Israël en 1967, alors, Jérusalem est redevenue importante pour l’islam. Il y a là, tout un combat aujourd’hui pour savoir qu’est-ce que le Mont du temple.


Est-ce que c’est l’emplacement effectivement de ces 2 temples qui ont été construits par le peuple juif ou bien, est-ce que c’est l’esplanade des mosquées. Et la possession de ce lieu est absolument essentielle pour l’islam, pour se revendiquer comme étant la quintessence de ceux qui se considèrent comme étant le monothéisme. Et aujourd’hui, un statu quo difficile a lieu. Il y a un combat actuellement pour le Mont du temple.



L'INTIFADA DES MOSQUEES


Ce qu’on appelle "l’Intifada des mosquées", reprenant une ancienne qui datait de l’époque du Mufti et qu’on a retrouvé aujourd’hui avec Monsieur Mahmoud Abbas, Al Aqsa est en danger, les juifs s’apprêtent à détruire les mosquées pour construire le temple. Je connais bien ceux qu’on appelle les" fidèles du temple", je peux vous dire que c’est hors de question. Et ensuite, seul le Messie peut reconstruire le temple : ce temple-là descendra du ciel, c’est-à-dire qu'il sera l’œuvre de Dieu et non pas l’œuvre des hommes.


Heurts à Jérusalem pendant l'Intifada, 1996

Et je termine maintenant en précisant ce que nous disent 2 prophètes. D’abord le chapitre 2 du livre du prophète Esaïe, un des plus beaux textes de l’Ecriture « il arrivera à la fin des temps que la montagne du temple de l’Eternel s’élèvera au-dessus de toutes les montagnes, elle s’élèvera plus haut que toutes les collines et les peuples y afflueront. Ils diront, venez, montons à la maison du Dieu de Jacob pour qu’il nous enseigne sa thora et que nous marchions dans ses voies car, de Sion sortira la thora et de Jérusalem, la parole de l’Eternel. Il sera l’arbitre des nations puissantes. De leurs épées, ils forgeront des socs de charrues et de leurs lances, des serpes. Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre et l’on n’apprendra plus la guerre ». C’est la vocation du temple dès les origines, mais un jour, dans les conditions qu’il le voudra, Dieu aura le dernier mot et la vieille prophétie du prophète se réalisera. Et alors une 2ème prophétie s’accomplira comme nous le lisons dans le chapitre 14 du livre de Zacharie, « toutes les nations viendront tous les ans à Jérusalem pour célébrer la fête de Succoth, la fête des Huttes, la fête des Cabanes et se prosterner devant l’Eternel des armées et lui offrir des sacrifices. » Un jour, cela sera, nous dit la bible.


Et enfin, je voudrais terminer par ce que l’on appelle le midrash en hébreu, c’est-à-dire, une petite histoire, à ne pas prendre au 1er degré, mais un peu comme une parabole. On pose la question: mais pourquoi Dieu a-t-il choisi cette pierre dont nous avons parlé, pour en faire le soubassement de son trône ? Pourquoi cette pierre-là et pas une autre ? Voilà la réponse : Avant que le temple ne soit construit, cet endroit, comme le dit la bible, était une aire de battage où, après la moisson, on battait le blé. Et cette aire était utilisée pour les battages par 2 frères dont l’un était marié et avait une nombreuse famille et le 2ème était célibataire. Et une année, les terres de ces deux frères qui travaillaient ensemble avaient connu une récolte absolument extraordinaire et ils étaient à la tête d’une fortune considérable, grâce à cette récolte miracle qu’ils avaient faite. Ils se la sont partagée bien sûr, moitié pour toi, moitié pour moi. La nuit qui a suivi le partage, le frère marié n’arrivait pas à dormir. Il se disait : ce n’est pas possible, mon frère a la même quantité de moisson que moi. Moi, j’ai des enfants qui, quand je serai vieux, pourront prendre soin de moi, mais mon frère, lui, il est célibataire. Quand il sera vieux, il aura besoin justement d’avoir du bien. Alors, je sais ce que je vais faire. Je vais me lever cette nuit et sans qu’il s’en aperçoive, j’irai mettre une partie de ma récolte dans sa grange, dans ses entrepôts à lui.


Et il fait ainsi, il se lève et il va prendre une partie de sa récolte. Et pendant ce temps, son frère célibataire, lui aussi, était incapable de dormir et lui aussi se disait : ce n’est pas normal, j’ai la même chose que mon frère et lui, il a de nombreux enfants à nourrir et moi, je suis tout seul, je n’ai personne à nourrir. Ce n’est pas normal que j’aie autant que lui. Qu’est-ce que je vais faire ? Je vais me lever, je vais prendre une partie de ma récolte et je vais aller la mettre dans ses entrepôts. Et voilà que les deux frères se sont rencontrés, chacun avec une partie de la récolte qu’il venait donner à l’autre et ils se sont rencontrés sur cette pierre. Quand Dieu a vu cet amour fraternel, il a dit : c’est là que je construirai le temple parce que ce lieu est appelé à devenir un lieu d’amour, et de réconciliation.

Et ça, c’est le dernier mot, Dieu a voulu tout réconcilier avec lui-même et cette réconciliation, elle va sortir de ce lieu qui est un lieu aujourd’hui de disputes, qui est un lieu de conflits, qui est le lieu le plus dangereux du monde et qui, un jour, deviendra le lieu de réconciliation entre les frères ennemis et entre tous les peuples. Le lieu de la réconciliation entre Dieu et l’homme. Le lieu de réconciliation entre le ciel et la terre, de sorte que le prophète pouvait dire « Demandez la paix de Jérusalem ». Jérusalem est construite comme une ville dont les deux parties, la partie céleste et la partie terrestre sont réunifiées.



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