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L'état d'Israël moderne est-il l'accomplissement les prophéties bibliques ?

L'état d'Israël moderne est-il l'accomplissement les prophéties bibliques ?

JEAN-MARC THOBOIS , Keren n°99 (2014)



Il y a 50 ans de cela, au sein du monde Evangélique , nul n'en doutait : la réponse était évidente. Aujourd'hui, cette évidence n'existe plus, le consensus évangélique sur ce point a volé en éclat, la question d'Israël est même en passe de devenir une ligne de fracture au sein du monde évangélique.


II y a peu, un ami m'adressait la copie d'un article paru dans un journal organe officiel d'une union d'églises évangéliques très connue qui traitait de cette question. L'auteur examinait d'abord les arguments des "pour » ( assez courtement...) et s'attardait beaucoup plus longuement sur les arguments des « contre» (ce qui laissait entendre que c'est de ce côté que penchaient ses sympathies...)


Il concluait a disant qu'il n'était ni « pour », ni « contre », mais dans la mesure où Jésus était toujours du côté des pauvres, il invitait les « pour » à condamner les injustices commises envers les palestiniens et ajoutât, entre parenthèses pour faire bonne mesure, ainsi que « celles commises contre les israéliens » !


Quoiqu'il en soit, ce court article résumait à merveille les arguments de ceux qui nient le fait que l'état d'Israël soit l'accomplissement des prophéties bibliques, arguments que nous allons examiner brièvement pour voir s'ils tiennent la route.



THEOLOGIE ET POLITIQUE


Ce qui gêne d'abord nombre d'évangéliques , ce serait le fait que l'on mélange théologie et politique. Or, comme le rappelait le regretté Professeur Jacques Ellul, il existe une politique de Dieu qui n'est pas forcément celle des hommes et qui n'en est pas moins une politique.


Quand Israël est sorti d'Egypte et est entré dans la Terre Promise, il est devenu un fait politique sur l'échiquier du Moyen-Orient ancien. Il est resté un fait politique jusqu'à la destruction du 2ème Temple par Titus en 70 après Jésus-Christ.

A partir de cette date, le peuple Juif a en effet cessé d'être une entité politique et a rapporté dans la théologie et la prière l'espérance qui ne l'a jamais quittée, du retour à Sion au dernier jour, laquelle espérance était basée sur les promesses des prophètes.


C'est en 1897, à l'occasion de l'affaire Dreyfus, qu'un jeune journaliste hongrois nommé Théodore Herzl, réalisa en entendant la foule crier: « Mort aux Juifs », à l'occasion de la dégradation de l'infortuné capitaine, que les Juifs étaient en danger de mort en Europe et que comme l'avaient été leurs pères en Egypte du temps du Pharaon, ils étaient menacés d'un génocide en Europe. En un éclair, le Juif assimilé qu'il était, l'homme très détaché des choses religieuses comprit que le salut du peuple Juif impliquait de toute urgence un deuxième exode, cette fois-ci hors d'Europe, qui ne pouvait qu'aboutir à un retour dans la terre ancestrale, celle de Sion et de Jérusalem: ce fut le » sionisme politique ».



Avec le génie politique qui le caractérisait, Herzl comprit qu'Israël vivait une heure unique de son histoire. La patrie ancestrale, que les nations appelaient la « Palestine », n'était qu'une petite province déserte et dépeuplée d'un empire Ottoman qui agonisait lentement et que les nations s'apprêtaient à démembrer et que dans cette situation qui ne se reproduirait peut-être plus avant de nombreux siècles, le peuple Juif avait une occasion unique de faire valoir ses droits historiques sur la Terre Promise.




 Le génie d'Herzl fut de savoir traduire en langage politique compréhensible par les nations, l'espérance du retour à Sion qui, depuis des siècles, n'était plus qu'un élément du domaine de la théologie. Il fit sortir cette espérance du domaine théologique pour l'introduire dans le domaine politique, ce qui aboutit en 1917, à la Déclaration Balfour et à la constitution d'un » Foyer national Juif » en Palestine, reconnu par la Société des Nations et placé par elle, sous mandat britannique entre les deux guerres mondiales.


Puis, à l'issue de la deuxième guerre mondiale, à la création de la création d'un Etat juif, "l'Etat d'Israel", reconnu par l'organisation des Nations Unies comme l'avait envisagé Herzl. Ce faisant, Israël retrouvait un mode d'existent normal, car selon la Bible et le droit naturel, l'existence normale d'un état et d'un peuple se situe dans une terre qui lui appartient.


Si l'on est croyant, juif ou chrétien, on est convaincu que Dieu est souverain et qu'aucun évènement qui se produit sur la terre, n'échappe à cette souveraineté. Se pourrait-il donc que seule la résurrection de l'Etat d'Israël soit un élément qui échappe à la volonté de Dieu et donc à sa souveraineté? Et que l'Etat d'Israël se soit créé en opposition à la volonté de Dieu ?


 Il y a dans le délire antisioniste, notamment des intellectuels et des ecclésiastiques qui, influence par les non-chrétiens, rejoignent les motifs antisémites du Moyen-Age.

Certes, les dirigeants israéliens ne sont exempts d'erreur, comme par exemple les accords d'Oslo, ou le retrait de Gaza, dans ce cas Israël paie le prix, mais quoi qu'il en soit la geste de Dieu se poursuit.


LES PROPHETIES DE «l'ANCIEN TESTAMENT» ONT-ELLES ETE ACCOMPLIES LORS DU RETOUR DE BABYLONE ?


1 ) C'est le cheval de bataille de ceux qui prétendent nier l'actualité des prophéties, selon eux toutes les prophéties du retour auraient été accomplies en 536, lors du retour de l'exil de Babylone et par conséquent ne sont plus d'actualité. Cette position est intenable, en effet: les premières prophéties du retour d'Israël dans son pays à la fin des temps se trouvent dans le chapitre 31 du livre du Deutéronome, en relation avec les choses dernières. Or, la fin n'est pas venue après le retour de l'exil de Babylone.


2 ) Le retour eschatologique décrit en Deutéronome 31 parle d'une dispersion jusqu'aux extrémités des cieux, ce qui rejoint d'autres textes prophétiques évoquant une « dispersion parmi toutes les nations » (ex. Ezéchiel 37, la prophétie des ossements desséchés. Or, la dispersion d'Israël en 586 av. Jésus-Christ fut limitée à la Babylonie et aux pays limitrophes, certainement pas parmi toutes les nations.


 3 ) Lors du retour annoncé, de nombreuses prophéties évoquent le retour des dix tribus du Nord exilées 2 siècles auparavant: lors du retour en 535, tous les historiens sont d'accord pour affirmer que ces tribus du Nord ne sont pas revenues, au contraire, elles sont devenues les « 10 tribus perdues » qui resurgissent et qui reviennent seulement de notre temps.


4 ) Le retour eschatologique annoncé par les prophètes devait être tellement glorieux qu'on en oublierait l'exode d'Egypte. Le retour de Babylone fut tellement modeste que les livres d'Esdras et de Néhémie soulignent le fait qu'il ne s'agissait de rien d'autre qu'un faible reste et d'un petit recommencement.



On oublie qu'il y a aussi des prophéties dans le Nouveau Testament sur le retour d'Israël. L'évangile de l'enfance dans les deux premiers chapitres de l'évangile de Luc évoque le fait que le fils promis à Marie par l'ange Gabriel « s'assiéra sur le trône de David son père et règnera sur la maison d'Israël à perpétuité », ce qui implique évidemment la pérennité d'Israël en tant qu'état, donc sa résurrection avant la parousie.

Luc évoque Siméon qui « attendait la consolation d'Israël », c'est à dire l'accomplissement des prophéties du « livret des consolations » d'Esaïe des chapitres 40 à66, relatifs au rétablissement d'Israël, que manifestement Luc considère comme encore à venir.


Il est aussi question de la prophétesse Anne qui « parlait de Jésus » à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem, ce qui est une notion semblable. La prophétie la plus explicite de Luc se trouve dans le chapitre 21 versets 23-24 où Jésus laisse clairement entendre qu'à la fin de ce qu'il appelle « le temps des nations » , l'exil du peuple juif cessera et Jérusalem cessera d'être foulée aux pieds par les nations. Il est évidemment impossible que Jésus ait eu en vue l'exil babylonien qui était plus ancien de 5 siècles !


Actes 1, les disciples interrogent Jésus sur le « rétablissement du royaume d'Israël », Jésus ne nie pas qu'il le fera, il confirme même qu'il en sera bien ainsi, et il précise seulement que cet événement n'aura lieu qu'après que l'évangile ait atteint les extrémités de la terre.



ISRAEL REVIENT EN ETAT D'INCREDULITE


Selon la compréhension des prophéties qui est celle des adversaires de l'Etat d'Israël, la condition préalable au rétablissement de l'Etat est la repentance qu'ils ne discernent pas dans l'Etat d'Israël actuel. Il est vrai que ce schéma apparaît souvent dans les prophéties, mais on en trouve aussi un autre notamment dans le livret des consolations d'Esaïe, où la grâce précède le retour à Dieu. C'est aussi le cas en Ezechiel 37 où le rétablissement d'Israël se fait en trois étapes:

1 — Le rassemblement des exilés tirés des « tombeaux des nations » est semblable à des ossements desséchés. 2 — La reconstitution de cadavres symbolisant le rétablissement de la nation 3 — La venue de l'esprit, c'est à dire la résurrection spirituelle du peuple Selon les Sages d'Israël, Dieu rassemble son peuple en état d'incrédulité dans le but de se révéler à lui afin de le rétablir. C'est aussi ce qu'avait annoncé le célèbre rabbin Maïmonide au Moyen-Age.



LE RETOUR DE LA THEOLOGIE DE LA SUBSTITUTION


Selon l'article du journal précité: « L'Eglise est la seule héritière des promesses de Dieu, selon Romains 11 ». Et revoilà la théologie de la substitution.... Or, appuyer cette affirmation sur Romains 11 est singulièrement audacieux. Les 3 chapîtres 9 , 10 et 11 de Romains traitent d'une manière décisive de la question d'Israël encore incrédule.



Paul y affirme avec force que: « Dieu n'a pas rejeté son peuple », que « ses dons et ses promesses sont sans repentance » (donc cela inclut aussi les promesses du pays et donc du retour dans le pays) et enfin au chapître 9 dans les premiers versets Paul énumère une longue série de privilèges d'Israël qui lui « APPARTIENNENT » et non qui lui « appartenaient », au moment même où cette partie d'Israël est incrédule. L'auteur fait peut-être allusion à la traduction particulièrement malheureuse que l'on trouve dans la plupart des versions du Nouveau Testament en Romains 11 verset 17: « Si quelques-unes des branches ont été retranchées afin que toi, olivier sauvage, tu sois greffé « A LEUR PLACE ».

Cette expression: « A LEUR PLACE » est, on le sait, une des bases mêmes de la thélologie de la substitution.


Or, le texte grec est : « en autoïs », ce qui signifie: « AU MILIEU D'EUX, PARMI EUX, EN LEUR SEIN ".




IL N'Y A PLUS NI JUIFS NI GRECS ».


C'est toujours ce verset que l'on cite, extrait de son contexte quand on veut nier la permanence de l'élection d'Israël. Un examen approfondi de Ephésiens 2 nous montre que cette affirmation de Paul est en relation avec la situation de l'être humain dans le salut, ce qui veut dire que tout ce qui est humain se trouve relativisé, mais non pas supprimé, ainsi Paul déclare dans le même souffle: « Il n'y a plus ni homme ni femme, ni esclave, ni homme libre ».


Or, il est bien évident que dans l'économie présente, le clivage homme-femme demeure ( malgré ce que l'on cherche à nous faire croire....) et au temps de Paul le clivage entre esclave et homme libre restait une douloureuse réalité. Pourquoi faudrait-il que seul le Juif quand il se

tourne vers Jésus perde son identité et son élection ?





ISRAEL EST FONDE SUR UNE INJUSTICE


C'est l'argument massue de ceux qui rejettent d'Israël, chrétiens ou non, le traitement supposé qu'il inflige aux palestiniens réduit à néant toutes ses prétentions d'être l'accomplissement des prophéties bibliques. Jésus a toujours été du côté des pauvres et des opprimés, puisque l'Etat d'Israel est « riche et oppresseur », Dieu ne peut pas être son côté, donc il ne peut être l'accomplissement des prophéties...


Cette démonstration tiendrait la route à condition que les présupposés soient exacts, à savoir qu'Israël se conduit d'une manière inique, vis à vis des palestiniens.

Or, comme nous l'avons montré ailleurs, ces affirmations ne résistent pas à la réalité des faits, en réalité nous somme face à la plus formidable propagande de toute l'histoire humaine qui a été élaborée par les services de l'agit-prot de l'ex Union Soviétique, après le désastre arabe de la guerre des six jours.


En fait, il y a recyclage des vieux stéréotypes de l'antisémitisme classique pour lequel bon Juif est le Juif qui se laisse massacrer sans résister, c'est lui qu'il faut aimer mais le Juif qui sort de son rôle séculier de bouc- émissaire et d'agneau du sacrifice est éminemment haïssable. L'antisémitisme est basé sur l'opposé à la supériorité supposée des Juifs, jugée illégitime. En outre, la réussite d'Israël en tant qu'état, le rend inacceptable pour les arabes. Leur haine vient de la comparaison entre les échecs de tous leurs pays sans exception dans tous les domaines en comparaison avec l'insolente réussite d'Israël, de sorte que l'antisionisme est la réplique exacte de tous les antisémites antérieurs, en bref, Israël a le tort d'exister, il doit donc disparaître.


Or, l'élection d'Israël est confirmée par Jésus lui-même qui a affirmé: "Le salut vient des Juifs". Qui suis-je pour abolir les promesses faites à Israël ?


Une chose est sure, c'est que l'accomplissement trait pour trait des prophéties nous conduit à conclure qu'Israël est bien la réalisation des prophéties !


C'est une signification prophétique à longue échéance qui est éclairée et non supprimée par Jésus, mais assumée par Lui. Ceux qui affirment le contraire tordent le sens des Ecritures.





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3 Comments


deniduron05
il y a 2 jours

ce n'est même pas un sujet a polémique: depuis la mort du christ, israel n'est plus le peuple élu, La nouvelle Israël est le christianisme. mais celui ci a dévié et n'a cessé de dévier, avec la trilogie, le vatican, la déification de Jésus.

Dans la bible (dans apocalypse) quand il est question de la fausse religion et du faux prophète, ik s'agit des musulmans. La Vraie religion est toute portée par ceux qui étudient la bible au lieu d'observer les "traditions"

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md94
il y a 2 jours

C'est aussi par crainte et par qu'en-dira-t-on que l'Église choisit de taper sur Israël avec la masse. On veut se faire bien voir, se faire aimer, accepter, au mépris de Dieu, de la Bible et des Juifs. Se faire bien voir de qui ? D'incroyants des nations qui nous détestent déjà, se servent de nous et n'attendent qu'une chose pour nous dévorer ? Osons aller à contre-courant, sachant que Dieu est avec nous, peu importe les risques. Il est du côté d'Israël. Sinon, nous serons condamnés avec le monde. Et acceptons enfin de sortir de la théologie de la substitution, de comprendre que notre Dieu est libre et fait ce qu'il veut avec qui il veut. Il n'a pas rejeté…

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Jean Wolga
Jean Wolga
il y a 2 jours

Depuis 1967 et la guerre des 6 jours, alors que j'étais un jeune chrétien et que j'ai vu l'irruption et l'accomplissement de la prophétie biblique dans l'histoire d'Israël, je n'ai cessé de croire que l'état d'Israël moderne est bien l'accomplissement des prophéties bibliques.

J'ai été très choqué en discutant il y a 5 ans avec un professeur renommé d'un institut biblique très connu de la région parisienne, d'entendre ce professeur me dire que l'état d'Israël actuel et la prophétie biblique "çà n'a rien à voir" !

Merci à l'association Keren de publier cet article du cher et regretté ami Jean-Marc Thobois.

Soyez bénis


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