Il s’agit d’un aspect non négligeable des accords Abraham et par extension de la géopolitique du Moyen Orient, puisque la résolution du conflit israélo-palestinien était jusqu’à ce jour limité à une solution à deux états. Le paradigme était le suivant pour que l’existence d’Israël puisse être reconnu par ses voisins arabes : « des territoires contre la paix ». Plusieurs pays arabes s’étaient notamment réunis en 1967 à Khartoum pour y définir une politique des « trois non » : non à la reconnaissance, à la négociation et à la paix avec la nation juive. Israël devait se retirer des territoires contestés pour espérer une normalisation avec le monde arabe. Ainsi, en 1978, lors des accords de Camp David avec l’Egypte, Israël a obtenu la paix en échange de la péninsule du Sinaï, rendue à l’Egypte 12 ans après sa conquête. Pour la paix avec la Jordanie en 1994, la condition principale portait sur la délimitation de la frontière au niveau du fleuve du Jourdain, permettant de fait un partage de la ressource précieuse qu’est l’eau. De même, lors des accords d’Oslo en 1993 entre Israël et l’OLP (organisation de libération de la Palestine)de Yaseer Arafat, la délimitation des territoires palestiniens fut un préalable à la reconnaissance entre les deux signataires.
Pour les accords Abraham, aucun compromis n’a été fait au niveau territorial. Pourtant, les Émirats arabes unis se sont félicités d’avoir empêché le gouvernement israélien de mener à bien ses plans d’annexion en Judée-Samarie par la signature de ces accords. En réalité, les accords ne font pas véritablement mention d’un engagement en ce sens. Il semblerait que cette rhétorique émiratie serve davantage à contenter les masses populaires musulmanes du changement radical de position envers Israël de la part des gouvernements arabes ces dernières années.
Cette discordance entre une rhétorique propalestinienne d’un côté et des relations multiples dans de nombreux domaines avec l’État hébreu d’un autre côté, caractérise la position des pays musulmans envers Israël ces dernières années. C’est particulièrement le cas de l’Egypte et la Jordanie qui, pour des raisons internes, montrent un soutien inébranlable à la cause palestinienne et à la médiation avec Israël. Dans le même temps, ces pays entretiennent des liens étroits avec l’État israélien sur des questions sécuritaires et militaires. C’est particulièrement vrai pour l’Égypte, qui combat en coordination avec l’armée israélienne, la branche de l’État islamique présente dans le nord-Sinaï.
Pour en revenir sur la question de "l’annexion stoppée" (en réalité extension de la souveraineté israélienne sur des régions peuplées de Juifs en Judée-Samarie) par les Émirats arabes unis, il faut rappeler que si Benjamin Netanyahou fait de cette souveraineté l’un des thèmes les plus récurrents de sa politique, il n’a jamais agi dans ce sens pour autant.
Pourtant, avec l’administration Trump à la Maison Blanche, Netanyahou avait une opportunité en or pour concrétiser cette action sur le terrain entre 2016 et 2020. On peut donc s’interroger sur la véritable volonté de Netanyahou d’annexer ce territoire : Est-ce un réel objectif politique ou s’agit-il d’un discours à but électoral? Il est intéressant de constater que cette question était essentielle il y a quelques mois dans le discours électoral de Netanyahou. Or, lors des dernières élections israéliennes, le sujet n’est plus du tout évoqué, la pandémie de la Covid-19 occupant une place de choix dans la politique du premier ministre, pour sa réélection fin mars 2021.
Par le biais de cette nouvelle entente, sans passer par une solution à deux États sur la question israélo-palestinienne, les pays du Golfe viennent peut-être mettre une pression supplémentaire sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle retourne à la table des négociations avec des exigences moindres. D’autant qu’ils financent depuis de nombreuses années les Palestiniens sans avoir de contrepartie directe. Au contraire, l’influence des États arabes auprès de la population palestinienne tend à diminuer au profit de certaines nations musulmanes davantage portées sur le soutien à la cause palestinienne, tel que la Turquie ou le Qatar. Cette influence davantage teintée d’islamisme (legitimisation du terrorisme ) est surtout présente dans la bande de Gaza, dirigée elle-même par la branche palestinienne des Frères musulmans.
D’une manière plus globale, l’hostilité à Israël constituait le fondement d’une coopération régionale entre les puissances arabes et était un instrument de pouvoir, lors de la première crise pétrolière de 1973 notamment. Depuis, le contexte mondial (fin de la guerre froide) et régional (montée en puissance de l’Iran et la Turquie) est venu repousser le soutien à la cause palestinienne des priorités des états arabes. Désormais, il s’agit davantage d’un fardeau pour ces puissances, tandis qu’Israël offre une aide militaire non-négligeable pour faire face à l’Iran et à l’islamisme radical, puisque l’État hébreu constitue l’une des seules nations stables, modernes et dotée d’une force militaire dominante et crédible dans la région du Proche-orient.
Avant dernière chose et non des moindres, Israël et l’Autorité palestinienne coopèrent depuis les accords d’Oslo pour préserver un calme sécuritaire en Judée-Samarie . Cette coopération a été parsemée de hauts et de bas, comme en mai 2020 lorsque l’Autorité palestinienne a rompu les relations sécuritaires avec Israël pour protester contre "l’annexion" programmée par Netanyahou. Depuis, la coopération a été relancée. Cela fait suite à ce qui a été dit précédemment : le danger principal pour l’Autorité palestinienne est l’islamisme radical venant du groupe gazaouie des Frères musulmans, le Hamas. En effet, cette organisation tend ces dernières années à s’introduire peu à peu en Judée-Samarie, faisant redouter une nouvelle guerre civile comme entre 2005 et 2007, ce qui avait conduit à la fracture entre Gaza et la Judée-Samarie (Gaza est administré par le Hamas et non l’Autorité palestinienne).
Ainsi, les accords d’Abraham viennent peut-être d’ouvrir la voie à un nouveau paradigme où Israël n’a pas à faire de concession pour obtenir la paix avec des pays voisins. La pierre d’achoppement du conflit israélo-palestinien est de moins en moins centrale dans ces relations nouvelles israélo-arabes et plus largement avec tous les pays musulmans. Le problème israélo-palestinien reste un frein pour l’Arabie Saoudite, divisée entre l’ancienne génération du roi Abdelaziz ben Salman pour qui la cause palestinienne reste importante, et la nouvelle génération moderniste et réformatrice du prince-héritier Mohamed ben Salman, pour qui cette cause est dépassée dans le contexte géopolitique actuel. En tant que gardienne des lieux saints de l’Islam sunnite, la famille des Saoud doit se montrer la protectrice de tous les musulmans.
Ainsi, dans un contexte de forte politisation du conflit israélo-arabe, le royaume saoudien aura du mal à opérer un revirement de sa position au détriment des musulmans palestiniens. Tant que le roi gouvernera, il semblerait que l’Arabie Saoudite ne normalisera pas ses relations avec Israël pour ces raisons, ce qui n’empêche en rien, par ailleurs, d’entretenir des liens officieux avec l’État hébreu.
Des élections ont été annoncées dans les Territoires palestiniens pour renouveler la direction de l’Autorité palestinienne, au mois de mai et de juillet 2021. Si campagne électorale il y a entre le Fatah (ex-OLP d'Arafat) et le Hamas, la question portera peut-être sur la position à adopter au vu des changements géopolitiques dans la région. Ce d’autant plus que les États du Golfe réduisent peu à peu leur soutien, principalement financier, à l’Autorité palestinienne, du fait de la position radicale d’une partie des dirigeants palestiniens (Hamas). Ce positionnement se fait au profit des puissances régionales plus radicales (Turquie, Qatar), en concurrence avec l’Égypte, l’Arabie Saoudite et ses monarchies voisines, notamment sur des questions liées au contrôle sur les lieux saints musulmans de Jérusalem par le Waqf.
La géopolitique du Moyen Orient a été, pendant des décennies, centrée sur les conflits israélo-arabe puis israélo-palestinien. Pourtant, ces sujets tendent à dégringoler dans les priorités des pays arabes et même israéliennes puisque la menace iranienne est bien plus inquiétante. Certains sondages en Israël placent le sujet du conflit israélo-palestinien à la quatrième position des préoccupations des citoyens, derrière la menace iranienne, les questions sécuritaires (terrorisme) et les enjeux socio-économiques. Alors que le problème israélo-palestinien semble insoluble, l’urgence des enjeux à court et moyen terme de la géopolitique orientale a bouleversé des paradigmes anciens, d’où la signature fin 2020 des accords d’Abraham, symbole de la fin du conflit israélo-arabe.
Le Créateur de l'Univers est Tout Puissant, Omniprésent, Omnipotent et Omniscient et c"est bien LUI qui aura le dernier mot . en attendant je pleure chaque jour avec Son peuple Israel , sur Eretz ISRAEL et sur JERUSALEM. MAis je veux me réjouir en l'Eternel des Armées qui ne tardera pas à accomplir SON PLAN DIVIN. " Réjouies toi Fille de SION " car ta délivrance s'approche à grands pas. voir dans Jérémie, chapitre 29 et verset 11, sans compter le reste....SHALOM HALEREM